Droit de vote des étrangers, Fillon au Sénat, pas si anodin que celà...

François Fillon a fustigé, jeudi au Sénat, la proposition PS d'accorder le droit de vote aux étrangers hors UE aux municipales avant l'examen du texte, qui a été adopté dans la nuit de jeudi à vendredi.

[AU SÉNAT] : Extrait de la Séance du 8 Décembre 2011

Mme Éliane Assassi : Cela a été rappelé, de nombreuses personnalités politiques de tous bords, y compris de droite et du centre, se sont prononcées en faveur du droit de vote des étrangers.

Malgré les tergiversations et les voix discordantes qui se font entendre en son sein, la droite fait bloc contre cette réforme. J’en veux pour preuve les trois motions de procédure déposées sur ce texte, ainsi que votre présence, monsieur le Premier ministre, comme celle des ministres de l’intérieur, de la justice et des relations avec le Parlement.

Votre présence, monsieur le Premier ministre, est légitime. (Ah ! sur les travées de l’UMP.)

Elle me laisse toutefois perplexe. D’ordinaire, en effet, vous ne vous déplacez guère, y compris lorsque nous examinons des textes qui concernent des dossiers cruciaux. (Protestations sur les travées de l’UMP.) Et vous venez encore moins depuis le changement de majorité au Sénat, qui vous reste à l’évidence en travers de la gorge. (Applaudissements sur les travées du groupe CRC et du groupe socialiste-EELV.) De même que, d’habitude, vous ne daignez pas non plus répondre à nos questions d’actualité, comme celles portant sur la casse de l’industrie automobile.

M. Jean-Pierre Michel : Ce n’est pas son problème !

Mme Éliane Assassi : Pour inédite que soit votre présence dans notre hémicycle à l’occasion de l’examen d’une proposition de loi, certes de nature constitutionnelle, mais déposée et discutée, je le rappelle, dans le cadre de la semaine sénatoriale d’initiative, elle a selon moi plus d’un sens.

Vous voulez instrumentaliser le thème des étrangers dans la perspective des prochaines élections et, aussi, recadrer vos troupes, qui sont divisées sur la question.

M. Roger Karoutchi : Nous n’avons pas besoin de le faire !

Mme Éliane Assassi : Ne parlez pas trop vite, monsieur Raffarin ! (MM. Jean-Pierre Raffarin et Karoutchi s’exclament.) Je voulais dire « monsieur Karoutchi ». Cela étant, ça pourrait aussi s’appliquer à M. Raffarin ; après tout, c’est bonnet blanc et blanc bonnet ! (Sourires sur les travées du groupe CRC et du groupe socialiste-EELV. – Mouvements divers sur les travées de l’UMP.)

En outre, monsieur le Premier ministre, votre présence vise à adresser un signal à la droite populaire et à lancer un appel du pied à l’attention des électeurs du Front national.

L’ensemble des arguments qui motivent votre refus relèvent avant tout, et au choix, du mensonge, de la mauvaise foi, de la démagogie, voire de la xénophobie. Tout y est ! (Exclamations sur les travées de l’UMP.)

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