"Seules les dépenses de l'Élysée sont des économies ! "

En proposant une baisse de 5 % du remboursement des dépenses de campagne pour les candidats à la présidentielle, le gouvernement souhaitait faire participer les candidats à l’effort de solidarité demandé en novembre par François Fillon dans le second plan de rigueur.

Mais pour la gauche, pas question d’adopter ce texte avant d’en avoir corrigé « trois défauts ». Le principal étant qu': « il ne garantit pas la séparation entre la conduite de la campagne présidentielle et l’exercice des mandats électifs détenus par le candidat. » En clair, le PS dénonce le coût des déplacements présidentiels, aux frais de l'Etat, alors que Nicolas Sarkozy n'est officiellement pas candidat à sa réélection. Pour Eliane Assassi, sénatrice (groupe communiste) de Seine-Saint-Denis, ce texte est « hypocrite car la machine est déjà en route »..

Ainsi, sous l'impulsion du sénateur Gaëtan Gorce, le Sénat a adopté une série d'amendements pour accroître la transparence sur les moyens mobilisés pour faire campagne. Y compris ceux de l'Etat quand le candidat est président de la République ... par exemple.


[AU SÉNAT] Extrait de la séance du 12 janvier 2012

Mme Éliane Assassi : Et puis, il y a un candidat, dont on pressent clairement qu'il va se déclarer, mais qui ne l'a pas fait, et qui tire pleinement parti de sa position pour participer, malgré tout, au débat électoral.

Cette situation ne nous paraît pas tout à fait normale et amène légitimement tous ceux qui sont attachés à une conception transparente et équilibrée de la vie politique et démocratique à s'interroger.

Le rapport de la commission l'indique bien, notamment quand il reprend les propos du président de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques, M. François Logerot, qui estime que les dispositions actuellement en vigueur ne répondent pas au principal problème rencontré par la Commission dans l'exercice de sa mission de contrôle des comptes de campagne à l'élection présidentielle, à savoir le traitement des dépenses exposées par les candidats disposant d'un mandat public : ces derniers sont en effet susceptibles de tirer profit de ce mandat dans la conduite de leur campagne.

[ ... ] Cela illustre ce que j'ai précédemment déclaré : chaque prise de position, chaque annonce de mesures ou de dispositifs par la voie du locataire de l'Élysée vaut argument électoral, mais absence de dépenses comptabilisées au titre de la campagne électorale en elle-même.

Le texte qui nous est soumis aujourd'hui a donc bien des défauts : il est démagogique, irréaliste au regard des comportements de l'opinion, notamment du corps électoral, et il est hypocrite puisque, de fait, la machine est déjà lancée. (M. Jean-Jacques Mirassou s'exclame.)

M. Pierre-Yves Collombat : Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, vous connaissez l'adage de minimus non curat praetor : le prêteur ne s'occupe pas des petites choses.

[ ... ] Les économies à en attendre ont l'épaisseur du trait évaluée de manière probablement aussi fantaisiste que le chiffrage des bénéfices attendus de la création du conseiller territorial.

[ ... ] Et si, pourtant, ce projet de loi était moins innocent qu'il n'y paraît ? « La stratégie consistant à continuer à tirer pour faire croire à l'ennemi qu'on a encore des munitions », comme disait M. Prudhomme, semble être appliquée. Et s'il y avait quelque gain à tirer de ce projet de loi organique, pour le candidat de l'Élysée ?

Après les élus qui coûtent cher – c'est un refrain de campagne connu –, voici les candidats qui grèvent les comptes de la nation ! En France, seules les dépenses de l'Élysée sont des économies ! (Rires sur les travées du groupe socialiste.)


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