"Nous ne voulons pas d'une société de consommation frénétique"

Le Sénat a adopté, vendredi 9 décembre, une proposition de loi du groupe CRC (communistes) "garantissant le droit au repos dominical", qui vise à renforcer les droits des salariés travaillant le dimanche et à limiter les dérogations au repos ce jour-là.
Au cours de l'examen, Chantal Jouano a décrit la journée type d'une mère de famille...Famille aux revenus très confortable, sans doute...


Mme Chantal Jouanno : Enfin, vous estimez que les parlementaires sont mieux placés que les individus pour décider ce qui est bon pour eux. Faire ses courses le dimanche est un choix, nul n'y est contraint.

M. Ronan Kerdraon : Ouvrons aussi la nuit !

Mme Chantal Jouanno : Pourquoi vous y opposez-vous systématiquement ? Connaissez-vous la réalité de la vie des femmes aujourd'hui ? Savez-vous comment se passent les samedis et parfois les mercredis de la plupart des mères de famille ? Elles conduisent leurs enfants à un endroit pour faire du sport, à un autre pour suivre un cours de musique… Elles font le taxi toute la journée !

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat : Cela dépend des milieux !

Mme Chantal Jouanno : Dans ces conditions, beaucoup de femmes font leurs courses le dimanche matin ; c'est une réalité ! (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)

Mme Annie David : Nous ne vivons pas dans le même monde !

Mme Chantal Jouanno : C'est une réalité que vous avez peut-être oubliée. Moi, je la vis ! Connaissez-vous encore des mères de famille ?

M. Jean Desessard : Vous faites du productivisme ! (Sourires.)

Mme Corinne Bouchoux : La description qui vient d'être faite de ces mercredis ou de ces samedis passés à faire le taxi pour conduire les enfants d'une activité à l'autre ne vaut que pour les mères de famille appartenant à un milieu social privilégié. (Marques d'étonnement sur les travées de l'UMP.)

[ ... ] L'argument consistant à invoquer le rythme de vie frénétique des mères qui font le taxi pour leurs enfants n'est pas d'une portée générale. Le point crucial, c'est que si l'on ne préserve pas le principe du repos dominical, qui admet déjà des dérogations que l'on peut déplorer, mais qui permettent peut-être de créer des emplois, on se dirigera vers une société de consommation frénétique. Cela répondrait sans doute à vos vœux, mes chers collègues, mais pas aux nôtres ! Nous ne voulons pas d'une société qui marche sur la tête ! [ ... ]

Mme Marie-Thérèse Bruguière : J'interviens au nom de mon collègue Bruno Gilles, qui, empêché, ne pouvait participer à ce débat.


M. Ronan Kerdraon : Il fait ses courses ! (Sourires.)


M. Jean Desessard : Il fait le taxi !


Lien :

Abonnez-vous !