La chambre à 3500 euros occupée par Sarkozy à Cannes...

[A L'ASSEMBLEE] : séance du mercredi 30 Novembree 2011 : Discussion du projet de loi de finances rectificative pour 2011.
L'Assemblée nationale a supprimé la taxe de 2% sur les nuitées d'hôtel de luxe à plus de 200 euros la nuit instaurée début septembre dans le premier plan de rigueur du gouvernement [+]. Le député Brard en profite pour tacler le cout de l'hotellerie élyséenne...

...EXTRAIT...

M. Jean-Pierre Brard : Il semblerait que le Gouvernement estime que ceux qui dorment, par exemple, à l’hôtel Meurice, au Fouquet’s, au Pershing ou au George V, dans des chambres à plus de 1 000 euros la nuit, n’ont plus les moyens de s’acquitter d’une taxe de 2 % ! Il y a certainement erreur. Lors du premier plan de rigueur de septembre dernier, le Gouvernement avait fait voter en effet une taxe exceptionnelle de 2 % sur les nuitées d’hôtels supérieures ou égales à 200 euros.
Dans un palace comme le Plaza Athénée, cette taxe serait-elle donc ruineuse ? Elle ne s’élève pourtant qu’à 18,50 euros !

Faut-il imaginer que c’est parce que l’émir du Qatar ne pourrait payer ces 18,50 euros faute d’avoir autre chose dans sa poche que des billets de 500 euros ? (Sourires.) Le prix moyen d’une chambre au Plaza Athénée s’élève à 967 euros : 18,50 euros sur 967 euros, c’est correct !

Or voilà que deux mois plus tard à peine, vous nous proposez, de supprimer cette taxe, qui plus est, rétroactivement, au motif fallacieux que la TVA a augmenté pour sa part de 1,5 point ! Autrement dit, vous supprimez une taxe qui touche maigrement les plus fortunés et vous la remplacez par une hausse de la TVA, laquelle porte, en premier lieu, sur nos concitoyens qui connaissent des difficultés économiques.

Lorsque l’on sait que le Président de la République n’a pas hésité à occuper une chambre à 3 500 euros la nuit, à Cannes, lors du dernier sommet du G20, nous comprenons pourquoi l’Élysée a demandé au Gouvernement de supprimer cette taxe ! Après le bouclier fiscal, après la réforme de l’ISF de juin dernier, cette mesure serait, si vous la mainteniez, une nouvelle preuve que vous protégez les riches et que vous cédez au lobby des puissants.


Vous étiez députée des Yvelines, madame la ministre. Il n’y a pas, certes, à Versailles de suites aussi chères que de l’autre côté de la Place de la Concorde, par exemple. Mais imaginez que vous invitiez des amis de province qui ont les moyens.

Mme Valérie Pécresse, ministre : À la maison seulement !

M. Jean-Pierre Brard : Imaginons alors qu’ils aient des goûts de luxe et que vous n’ayez pas les moyens de satisfaire leur appétit de luxe – et peut-être de luxure, comme dans certains hôtels ! (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
Si vos amis fortunés disais-je, madame la ministre, ne pouvaient payer les 10 euros environ que représenteraient en l’occurrence cette taxe de 2 %, je suis sûr, connaissant votre générosité, que vous n’hésiteriez pas à leur donner vous-même un billet de 10 euros : vous feriez donc mieux, quitte à faire une bonne action pour la République, d’accepter notre amendement.

[...]

M. Jean-Pierre Brard : M. de Courson avance un argument fallacieux : si l’on a un problème avec la catégorie, il suffit de taxer en fonction du prix de la chambre.

Nous sommes des humanistes, avez-vous déclaré, madame la ministre, et c’est vrai : il y a ceux qui font des humanités, comme vous, et ceux qui font preuve d’humanité, comme nous, ce qui n’est pas la même chose. Nous sommes des humanistes pratiquants tandis que vous, vous avez étudié les humanités. C’est toute la différence entre nous.

Pour sa part, M. le rapporteur général, homme plein d’urbanité et très habile, nous explique non seulement que la taxe n’a pas eu le temps d’exister, mais qu’il y a maintenant la TVA. Je vous prends à témoin, monsieur le président : quand des personnes vont au restaurant à Drancy, leurs papilles commencent à fonctionner quand elles regardent la partie gauche de la carte. Mais quand elles regardent la partie droite, n’est-ce pas leur porte-monnaie qui commence alors à se contracter ? Les gens riches, eux, ne regardent pas la colonne de droite. Souvent, d’ailleurs, on leur donne des cartes sans prix.

Ce que nous proposons, nous, pour les riches, c’est fromage et dessert, c’est-à-dire une augmentation du taux de la TVA et une taxe supplémentaire, parce que ces gens-là peuvent payer. Malheureusement, dès lors qu’il s’agit de gratter quelques sous aux privilégiés, vous avez tout de suite le grand frisson, comme si c’était le grand soir ! Hélas non, madame la ministre, nous ne sommes pas à la veille du grand soir, bien qu’il y ait Versailles chez vous !



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